Depuis l’apparition des plantes transgéniques dans les champs, les apiculteurs sont circonspects vis-à-vis de leurs effets sur les abeilles. En Europe, le seul OGM cultivé à grande échelle est à l’heure actuelle le maïs MON810, génétiquement modifié pour produire en permanence un insecticide de lutte contre la pyrale. Interdit en France depuis 2008, il est largement cultivé en Espagne et dans une moindre mesure au Portugal. L’innocuité de ce maïs sur les abeilles n’est pas établie. Plusieurs études montrent que s’il n’y a pas d’effet létal, le comportement de butinage des abeilles en est affecté.
Plus généralement, l’utilisation des OGM est dans 99% des cas associées à l’usage d’un pesticide, et à un modèle d’agriculture non favorable au bien-être de l’abeille. Dans le monde, plus de 60% des OGM sont génétiquement modifiés pour résister à un herbicide (c’est le cas du soja Roundup Ready, cultivé à très grande échelle en Amérique du Sud). L’apparition de ces plantes a facilité les pratiques culturales des agriculteurs en simplifiant l’épandage du glyphosate, participant ainsi au développement de zones de monocultures, qui réduisent la diversité des sources de nectar et de pollen pour les abeilles tout en contaminant l’environnement de manière durable.
Depuis quelques années, des organismes génétiquement modifiés au moyen d’autres techniques que la transgénèse font leur apparition dans les champs et les laboratoires : mutagénèse dirigée, cysgénèse, agroinfiltration, crispr, etc. Ces nouveaux OGM ont un statut juridique encore incertain et leurs promoteurs souhaitent les faire échapper à la réglementation sur les OGM, leur évitant ainsi l’évaluation et la procédure d’autorisation préalables et l’étiquetage obligatoire.
Pour protéger les pollinisateurs et les abeilles, ces produits doivent être soumis aux mêmes procédures que les OGM transgéniques.
crédits photos : Christel Bonnafoux